Pierre Bayard, Le Titanic fera naufrage, Minuit, 2016.
Ainsi commence le nouvel essai de Pierre Bayard, tout entier consacré à ces anticipations littéraires de l'avenir. Le paradoxe de la phrase illustre bien le caractère renversant de son hypothèse : les écrivains - il le montre avec force à travers plusieurs exemples puisés chez les plus connus, comme Kafka, et chez les moins connus, Frantz Werfel ou Eugène Zamiatine, par exemple - nous livrent des vues prémonitoires où catastrophes naturelles, guerres et accidents se taillent il est vrai la part du lion. Est-ce pour cela que ces oiseaux de malheur ne sont guère convoqués pour peser sur la marche du monde ? C'est pourtant ce que préconise l'essayiste, qui en appelle à leur confier des responsabilités politiques et à les associer aux recherches de la science. On ne sait trop à quel point Pierre Bayard ajoute foi à cette revendication, mais son humour très pince-sans-rire doit nous inciter à la prudence.