Jean-Pierre Simon Comme un Loir(e)

 

Présent sur le Festival de Loire cette semaine, cet ancien instituteur, poète à ses heures, publie un bouquin instructif sur les Jeux de la Loire. Il est aussi l’auteur d’un feuilleton à suspense sur une créature qu’il a lui-même inventée : la Vouivre.

Benjamin Vasset

 

Cette semaine, où que vous soyiez, quoi que vous écoutiez, vous n’allez sûrement pas passer au travers des mailles de son filet. Radio, télé, presse écrite… Jean-Pierre Simon va se trouver, ces jours-ci, au cœur d’un vrai marathon médiatique. « La preuve que l’attaché de presse est bon… », sourit-il. L’intéressée appréciera, mais il est vrai qu’en plein Festival de Loire, son profil focalise l’attention des plumitifs locaux. Son éditeur, 100 % ligérien (Corsaire Éditions) va d’ailleurs le mettre en avant sur son stand, puisque Jean-Pierre Simon y sera en dédicaces toute la semaine, sauf le vendredi après-midi !

Par la grâce de son dernier ouvrage, ses lecteurs en sauront plus sur les jeux traditionnels de Loire : cartes, boule de fort ou joutes nautiques. « Le but est de mettre en place une série d’ouvrages documentaires susceptibles d’intéresser les gens qui fréquentent la Loire », exprime-t-il au son d’un argumentaire bien rôdé. Amoureux de la Loire, c’est entendu, l’homme se plaît d’ailleurs à porter marinière et barbe fournie, qui le feraient presque passer pour un amiral de bateau-lavoir. « Je ne navigue pas », assume-t-il sans démentir, cependant, son affection pour les mariniers. « Je les aime bien, même s’il y a quelques têtes de cochon ! Mais enfin, tout cela fait partie du folklore… » Le folklore, il en fait sa cause tout en le remodelant à sa sauce, comme lorsqu’il fait jaillir de la Loire une créature mystérieuse, la Vouivre, qu’il a déjà déclinée dans plusieurs romans. « Je voulais créer un feuilleton, un peu dans l’esprit fin XIXe-début XXe… »

Instit’en 68

Jean-Pierre Simon s’est ainsi mis à gratter le papier il y a une dizaine d’années, la retraite lui octroyant le droit de donner libre cours à son verbe. « Passionné de Maurice Genevoix », admirateur d’Hugo, Dumas ou Sue, il ne crache pas non plus sur un bon Werber ou un excellent Grangé. Sans oublier Barjavel, un autre de ses maîtres. De ces saines lectures, il en a tiré unitats scènes me viennent par flashs. Dès que j’ai trouvé de la cohérence, j’avance ! »

On sent l’esprit didactique de l’ancien enseignant qu’il fut entre 1968 et 2005. « J’ai eu envie de faire ce métier dès mes six ans, raconte-t-il. Et puis, à l’époque, l’école normale était la seule voie d’étude gratuite pour les gens issus d’un milieu modeste. » Petit-fils de cheminot à Saint-Pierre-des-Corps, il est en effet né en Rhénanie, d’une union entre un père militaire et une maman, allemande, qu’il a peu connue. « C’est une partie de ma vie que je préfère ne pas trop aborder, se restreint-il pudiquement. J’ai quitté l’Allemagne à trois mois, et j’ai principalement été élevé par mes grands-parents. » Près de Tours, ceux-là lui ont fait aimer la Loire par l’intermédiaire de la pêche, qu’il a pratiquée dès sa dizaine révolue. « À l’époque, on tournait le dos à ce fleuve, se rappelle-t-il. Il n’y avait pas de bateaux, et même des bacs à vache abandonnés sur lesquels on allait traîner. Et puis on a investi, on a construit… »

« J’ai toujours été libre »

À sa propre échelle, Jean-Pierre Simon aura posé plusieurs pierres à l’édifice de sa vie, allant ainsi faire une incursion dans le secteur de la formation agricole avant de revenir à ses premières amours, dans l’Éducation nationale. Il termina sa carrière de conseiller pédagogique, sorte « d’inspecteur adjoint » chargé de s’occuper de jeunes enseignants. « Cela montre que j’ai toujours été libre », dit-il, comme lorsqu’il quitta son poste d’adjoint à la culture et à l’environnement à Saint-Cyr-en-Val, en 2000. « Quand on est élu, on développe une forme d’esprit très « régionaliste », précise-t-il. Et on ne s’épanouit pas plus loin que dans ce cadre. » Avec l’écriture, il a pu, dit-il, donner corps à ses envies d’évasion. La discussion se termine d’ailleurs autour d’un album photos prises lors de son dernier voyage en Ouzbékistan, au printemps dernier, le long de la route de la soie. Une autre façon de prendre son pied, comme pourrait l’écrire le poète qu’il a toujours été.

« Avec mes romans, je voyage »