« Voir Digoin et sourire », assurait-il. La formule résume à elle seule l’amour que l’enfant du pays portait au terroir où il était né, alors que le siècle, le XXe, avait dix ans.

Roger Semet emprunte tout d’abord la voie de l’enseignement et se retrouve directeur d’école dans une commune voisine, celle de Viré-en-Mâconnais. Il va s’y installer, y travailler, y vivre et y écrire des décennies durant. Il se tourne alors vers le roman, d’abord avec « La chasse aux coquecigrues » publié et remarqué en 1959, ensuite avec « Le corsage à brandebourg », ouvrage à résonances autobiographiques, qui remporte le Prix Alphonse Allais en 1965. D’autres titres vont suivre, comme « La Buite », deux ans plus tard.

Puis, l’écrivain regarde vers le journalisme… sans pour autant quitter sa terre bourguignonne. Au Progrès, il tient une savoureuse rubrique de « Propos bourguignons », très suivie, de 1959 à 1969, puis une autre consacrée à l’actualité télévisée. En 1960, il entame une collaboration avec le fameux et volontiers féroce hebdomadaire parisien Le Canard enchaîné, laquelle va durer une dizaine d’années, alimentant la rubrique « Contes du Canard ». Mais Semet s’intéresse aussi à la musique, consacrant plusieurs conférences au sujet et allant jusqu’à écrire les paroles d’une truculente « Chanson de Viré » :

« Vignerons, mes chers frères
Réjouissons-nous vidons nos verres
Nos cœurs de joie sont chavirés

Quand nous dégustons le bon vin de Viré. »

Lui qui a créé, aussi, le qualificatif de « Saôné-Loirien », qui aime vivre à Viré en compagnie de son épouse Françoise, qui y remplit les fonctions de secrétaire à la mairie, se plaît à parcourir les collines alentour, volontiers en compagnie de son chien, avant de décéder à l’âge de 65 ans, non sans avoir lancé une autre formule : « Puisque la plupart du temps, on ne peut changer ni l’homme, ni les évènements, mieux vaut en rire. »

En 1993, Digoin rend hommage au défunt : le collège de la cité devient le collège Roger-Semet.