jacques Jouanneau


Dans la Nouvelle République

Après Rougeux, passeur de Loire et Prodiges de Loire, Jacques Jouanneau vient de publier son troisième ouvrage intitulé Flèche de tout Blois. Le titre est à l'image de l'auteur que l'on connaît pour être malicieux, amoureux des jeux de mots et de sa ville natale de Blois. Il s'agit de huit nouvelles qui font intervenir des personnages imaginaires et savoureux comme Max et Luc qui se livrent à un dialogue de sourds digne de Raymond Devos à propos de l'heure que le premier demande au second : mais de quelle heure s'agit-il ? Ou bien cette histoire du faux flic des Cornillettes, un brin éméché, qui se prend à faire la circulation au pont Gabriel à la sortie d'un bal masqué. Quant à la famille Hurlu et Berlu, elle est tout à fait désopilante et entraîne le lecteur sur les chemins farfelus du burlesque : l'auteur retrace l'arbre généalogique de « cette race hurlante et berlante » protégée par un saint Hurluberlu sorti tout droit d'un « tube catholique. »

Mais ces plaisanteries n'empêchent pas de lire entre les lignes une observation ironique des habitants comme ce regard amusé sur les « Rendez-vous de l'Histoire » ou sur les labyrinthes de l'administration locale. Son Bernard Duchet en rajoute encore quand il se plaint à l'adjoint au maire que la rue Lamartine se termine en cul-de-sac, tout comme les rues Blaise-Pascal, Bougainville, André-Malraux… Ces grands hommes méritent mieux ! C'est pour l'auteur un prétexte à évoquer tous les jolis noms de rues que l'on trouve à Blois : allée des Noisettes, chemin du Petit-Pont, rue de la Garenne ou du Lion-Ferré.
En fait, le livre est un guide original qui ne dit pas son nom, une invitation à découvrir la ville autrement. Jacques Jouanneau s'amuse, il sème la confusion, mêle des personnages réels et fictifs, les situations loufoques et les considérations sérieuses comme ces souvenirs de l'Occupation ou ces goûts littéraires affichés par Télésphore Hurluberlu qui n'est autre que l'auteur lui-même.