En 1906, Alfred Dreyfus est innocenté. La même année, Henri d’Aboville, à la source de l’erreur judiciaire, tente la députation face à Cochery.

Octobre 1894. Le bordereau intercepté par un agent double prouve que des secrets militaires sont donnés à l'Allemagne. Quel rapport avec le Pithiverais ? Réponse de Georges Joumas, auteur des Échos de l'affaire Dreyfus en Orléanais, récent invité de l'Université du temps libre : « Le premier accusateur était originaire de Malesherbes. C'est lui qui a orienté l'enquête » sur le capitaine d'artillerie israélite.

1 Henri d'Aboville. Né en mars 1848 à Malesherbes, il vit dans la demeure familiale du château de Rouville. Déjà deux généraux Pairs de France et papa député du Loiret de 1871 à 1876 quand il devient commissaire de réseau du « Paris-Orléans ». Promu lieutenant-colonel au contre-espionnage, il découvre le fameux bordereau. Nommé colonel, il commande, fin février 1896, le 131 e régiment d'infanterie, à Orléans. Dix ans plus tard, après quelques déboires, il délaisse l'armée et tente la politique.

Pendant sa conférence, Georges Joumas a rappelé la méthode orientée de l'officier pour confondre Dreyfus et ses liens avec le milieu de la Libre parole, publication politique et antisémite française. D'Aboville au plus près de l'affaire : « C'est lui qui sera chargé de l'arrestation et de l'incarcération », avant d'être « témoin à charge de deux conseils de guerre ».

 

2 Famille Cochery. Parmi les journaux du Loiret au rôle « considérable », Le Républicain orléanais - antidreyfusard au début mais jamais antisémite -, dont le principal actionnaire mentionné par Échos de l'affaire Dreyfus en Orléanais est la famille Cochery, « véritable puissance politique dans le Loiret ». Adolphe, le père, est sénateur et président du conseil général. Son fils, Georges, député de Pithiviers et ministre des Finances entre 1896 à 1898. Il aura lui aussi la tête du conseil général du Loiret de 1900 à 1914.

Hasard de l'histoire ? L'année 1906 fera que les personnages se retrouvent dans la course à la députation, avec d'Aboville à droite. Deux familles implantées et célèbres. Cochery l'emporte. D'Aboville quitte le Loiret.

Sources. Échos de l'affaire Dreyfus en Orléanais , de Georges Joumas, Corsaire Éditions.